Dis, ça a quel goût la mygale ?

Johan de Faria

Publié le : 02/06/16 12:00

10 centimètres pour 100 grammes, huit pattes, une couleur noire même pas uniforme et un aspect velu, a priori, rien n'est moins appétissant qu'une mygale. Et si c'était bon ? J'ai fait le test.

Tout a commencé dans un bus qui reliait le Cambodge au Laos. Une Khmère d'une quarantaine d'années, assise de l'autre côté de la rangée, a sorti un sachet transparent. À l’intérieur, environ huit mygales frites. Elle en a sorti une, a commencé à mâchouiller une patte, tout en continuant à parler avec son ami. De mon côté, je grignotais des chips, de la même façon, machinalement. En descendant du bus, je ne me suis pas précipité pour en acheter sur le bord de la route, mais une barrière était tombée et je me suis dit : « Pourquoi pas ? »

J'ai pris mon temps, de retour à Phnom Penh, je me suis rendu à Romdeng, un restaurant du genre cambodgien chic, fréquenté majoritairement par les touristes pour aider les jeunes défavorisés. Pas spécialement le genre de lieu où j'aime traîner, mais j'avais besoin d'un cadre rassurant pour goûter une assiette qui l'était nettement moins. J'ai pris une grande inspiration et j'ai ouvert le menu du Romdeng. A la 7ème ligne, les « Crispy tarantulas with lime and pepper sauce » m'attendaient pour 4 modiques dollars américains. À ce prix-là, difficile de résister à ces mygales croustillantes sauce poivre-citron. J'ai tenté de me détendre et l'assiette est arrivée.

Comme on dirait dans les émission culinaires de télé-réalité (bref, dans Top Chef), le produit est bien mis en avant avec un sens de l'épure et une vision minimaliste de l'assiette évidents. En clair : une assiette blanche avec trois mygales et un peu de verdure. Première étape de « La mygale pour les nuls », il faut oser se saisir d'un des spécimens. Là, nous avons perdu un convive autrefois courageux qui a préféré s'improviser photographe. Après un temps plus ou moins long, les trois convives restants (Florence, Vincent et moi-même) ont tous saisi leur mygale. 

 

Nous commençons par le plus simple, une patte, rien de très surprenant, on sent surtout le goût de la friture. Deuxième étape, le corps de l'araignée, que nous mastiquons beaucoup, longuement, consciencieusement, pour une raison certainement irrationnelle. Là aussi, peu de surprise, cela reste de la friture.  

Il ne reste plus que la partie inférieure de l’abdomen, celle qui n’a pas l’air d’être juste croustillante, mais bien épaisse et goûtue. À en croire la grimace de Vincent, qui a pourtant pris soin de couper en deux le gros morceau d’abdomen, ledit goût n’est pas à son goût et la scène a des airs des Bronzés. Vincent n’y va pas par quatre chemins : « C’est ignoble ! » Heureusement, il y a la sauce au poivre pour avaler cette substance pâteuse, aussi bonne qu’une tête de crevette.

 

 

NOTRE VERDICT

Sans doute biaisé par le manque d'habitude, disons qu'après une mygale on se sent fier mais pas gastronome. Une bonne photo Facebook certes, mais ne vous attendez pas à une révélation culinaire.