Peut-on sauver la planète en mangeant du kangourou ?

Isabelle Curet

Publié le : 20/08/15 12:00

Un kangourou
©Johan de Faria

«Bon pour vous et pour la planète !» Ce slogan-choc a su séduire les Australiens qui sont de plus en plus nombreux à consommer ce symbole national à la fois pour protéger l'environnement et leur santé, mais aussi pour son goût. 

Depuis une dizaine d'années, les producteurs de kangourous ont su mettre en avant les atouts de cette viande rouge peu grasse avec ce slogan : « Good for you, good for the environment» (bon pour vous et pour l'environnement). Alors mascarade écologique ou réalité ?  

Quelle est la particularité du kangourou ? 

C'est une viande rouge qui a la spécificité d'être aussi peu grasse que le poulet (seulement 2% de gras). De plus, elle est bonne pour la santé car il s'agit d'un animal sauvage qui ne se nourrit donc que d'aliments sans OGM ni pesticides. Question prix, cette viande est moins chère que le bœuf et, côté goût, elle a un très léger goût de gibier. Le kangourou étant un animal musclé, c'est une viande qu'il faut manger bien rouge pour éviter qu'elle ne soit trop dure. Parfaite pour les barbies [barbecues australiens, NDLR] du samedi. Comme me disait Ben Crook, un Australien fan de Vegemite (pléonasme !) croisé à Melbourne : « Dites bien à vos lecteurs que l'on mange vraiment du kangourou en Australie ! »

 

Kangourou grillé (©Lucas Richarz/creative commons)

Cet animal produit peu de gaz à effet de serre...

L’élevage en général représente plus d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Plus que le secteur mondial des transports ! En cause notamment, les flatulences et les rots des vaches et des moutons très chargés en méthane. A l'inverse, l'appareil digestif du kangourou fonctionne différemment et produit donc très peu de ce gaz qui a un effet 28 fois plus « réchauffant » que le dioxyde de carbone (CO2). 

Son alimentation est saine et écologique.

Contrairement à d'autres types de bétail, le kangourou n'est pas élevé dans une ferme. Il vit en liberté dans le bush australien. Il ne supporte donc pas les coût élevés en termes de gaz à effet de serre comme pour la chaîne de fabrication de steaks de bœuf. Nul besoin d'engrais pour qu'il se nourrisse, ni d'émettre du gaz carbonique pour la produire et la transporter. De plus, ce marsupial qui s'est développé sur le continent habité le plus sec de la planète n'a pas besoin de beaucoup d'eau. Pour les Australiens dont le pays est sans cesse confronté à une grave sécheresse, ce n'est pas une question mineure, surtout avec le réchauffement climatique qui s'annonce. 

 

©Alpha/creative commons

Y a-t-il assez de kangourous ?

Le quota, c'est-à-dire le nombre des kangourous autorisés à être tués, oscille entre 15 et 20 % de la population totale. Il est calculé chaque année par les scientifiques gouvernementaux et dépend de l'évolution démographique des quatre espèces de kangourous mangées. Leur population actuelle est à peu près équivalente à celle d'il y a 20 ans. 

Pour la petite info, les kangourous ne vont pas à l'abattoir mais sont tués par des tireurs professionnels d'une balle entre les deux yeux dans leur habitat naturel. Ils doivent recevoir une mort instantanée et sans douleur. Un rapport de Greenpeace estime que, si l'on remplaçait les troupeaux de boeufs et de moutons par les kangourous, l'Australie pourrait réduire de 10 % ses émissions de gaz à effet de serre.